L’écornage bovins suscite toujours un débat, car le bien-être animal entre en jeu. Les opinions tranchées des uns et des autres font appel aux émotions et ne sont alors pas toujours rationnelles. Il convient de dresser la liste des arguments pour et contre, afin de se faire une idée sur la pertinence de développer cette pratique au sein des élevages.
La souffrance animale en jeu : l’écornage bovin est-il douloureux ?
L’écornage bovin doit être pratiqué dès les premières de semaines de la vie de l’animal. À la naissance, le veau est pourvu d’un bourgeon cornual ou cornillon. Il n’est à l’origine formé que par de la peau dont les cellules vont ensuite être utilisées pour fabriquer la corne. Ce bourgeon n’est pas encore lié à l’os du crâne, on dit qu’il est flottant.
Au cours des deux premiers mois, le cornillon se développe et se soude à l’os du crâne et au sinus frontal. La corne est alors alimentée par un système veineux dense, dont font partie la veine et l’artère cornuales.
Pour éviter toute souffrance, l’écornage doit être pratiqué avant les deux mois de l’animal. Le cornillon est détruit par cautérisation en quelques secondes. L’éleveur pratique une anesthésie locale avant l’écornage, puis empêche la douleur post-opératoire avec des analgésiques. Il doit ensuite bien désinfecter et veiller à ce que la cicatrisation s’effectue rapidement.
Après ce délai, le cornillon se soude à l’os et se trouve relié au système nerveux au sein d’une zone vascularisée. L’écornage devient alors douloureux, même avec une anesthésie temporaire. La cicatrisation est longue et les risques de complications importants (infections ou hémorragies).
L’écornage chimique
L’écornage thermique (avant deux mois) ne demande que quelques secondes. Il crée une brûlure dont la douleur peut être empêchée par une anesthésie locale. En revanche, l’écornage chimique, est long et douloureux.
L’éleveur étale une pâte chimique destinée à brûler le cornillon en formation. L’action n’est pas immédiate et la brûlure plus longue ne peut être maîtrisée par un simple analgésique. Par ailleurs, le veau risque de se frotter contre ses congénères et sa mère en premier lorsqu’il tète. Il va ainsi contaminer les autres animaux qui risquent des brûlures, certes moindres, mais néanmoins douloureuses.
L’écornage bovins respecte le bien-être animal, à la condition qu’il soit thermique et pratiqué avant les deux mois du veau.
Les considérations pratiques
Lorsque les bovins sont au pré, les risques de blessures sont réduits, sauf en cas de conflit. Des bêtes sans corne ont moins tendance à s’affronter et, le cas échéant, les conséquences sont neutres.
L’absence de corne facilite également les manipulations et les traitements vétérinaires. Les installations de contention sont plus aisées à utiliser.
En revanche, lorsque les animaux sont à l’étable, la proportion de blessures augmente s’ils ont leurs cornes. Ils peuvent se blesser entre eux, parfois involontairement. Le plus problématique est l’accès à la mangeoire. Les animaux ont besoin de davantage d’espace et passer la tête par le cornadis est délicat avec des cornes. Avec des animaux écornés, les bovins peuvent se rapprocher plus facilement et ne risquent pas de se coincer dans le cornadis.
Enfin, l’éleveur lui-même est moins exposé avec des bêtes écornées.
Les considérations économiques
Les bovins à cornes prennent plus de place. Les infrastructures doivent être adaptées et la densité des animaux est plus réduite.
Enfin, les veaux écornés se vendent généralement plus cher, alors que l’écornage ne coûte presque rien. Pratiqué en quelques secondes avec un écorneur thermique, les frais sont réduits à l’achat occasionnel d’une bouteille de gaz qui permet d’écorner un nombre important de bêtes.
L’écornage bovins est donc globalement profitable pour les animaux, comme pour l’éleveur, s’il est thermique et pratiqué avant deux mois.